« Lafayette nous voilà. L’engagement américain en France 1917-1918 »

colloque

Vous le savez, le grand colloque que notre Société a organisé avec l’Université Paris Sorbonne a été un grand succès. La qualité des intervenants et invités dès l’ouverture du jeudi 23 novembre puis durant les deux journées de la Sorbonne a ravi nos membres et aussi démontré que notre Société savait concevoir et mener à bien un événement de portée international, fondateur pour qui veut comprendre les liens d’aujourd’hui entre les Etats-Unis et la France avec l’éclairage de l’Histoire.

Après un mot d’accueil de notre président, ce colloque a été ouvert par Hubert Védrine le 23 novembre au soir au Cercle de l’Union Interalliée. On notait la présence de MM. Édouard Balladur ancien premier ministre, D. Brent Hardt, chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis, Gabriel de Broglie, chancelier de l’Institut, Maurice Gourdault-Montagne, secrétaire général du Quai d’Orsay et de Jonathan Woods, Président Général de la Société des Cincinnati.

Cette séance inaugurale s’est poursuivie par une conférence prononcée avec brio par le professeur Kaspi. Nicolas Beytout président fondateur de L’Opinion a animé des débats sur la place de l’histoire dans les rapports économiques entre Français et Américains avec Godefroy de Bentzmann, président de Devoteam, Édouard de Lamaze, président de Carlara Avocats International, Christian Latouche, président de Fiducial, Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin, Jade Ariss, directeur des affaires publiques et de la responsabilité d’entreprise du groupe AXA et Guy Sidos, président directeur général du groupe Vicat. Ainsi, chacun avec l’expérience de son métier a pu décrire la manière dont français et américains partagent une histoire commune aujourd’hui dans la vie des affaires. Près de 250 personnes ont assisté à cette soirée.

Le colloque s’est poursuivi les 23 et 24 novembre à la Sorbonne par des interventions de grande qualité de professeurs américains, anglais et allemands qui ont apporté sur tous les aspects de l’intervention américaine, de riches analyses géopolitiques, économiques et militaires traduites en simultané. Des projections de films d’époque de l’ÉCPAD, commentées par notre collègue le contrôleur général des armées Charles-Henri Dunoyer de Noirmont nous ont plongées dans le quotidien des troupes américaines. Ce programme préparé par les professeurs Olivier Chaline, président de notre comité d’Histoire et Olivier Forcade, vice-président de l’Université Paris-Sorbonne était du meilleur niveau international. En deux jours, plus de 200 personnes ont écouté les interventions.

Avant la publication des actes du colloque, essayons de jeter quelques clartés entendues par un amateur pour comprendre cet engagement américain. En 1917, côté militaires allemands et contre l’avis de civils aussi réputés qu’un Max Weber par exemple, l’idée surprenante qui prédomine est que les américains n’aideront pas à emporter la décision : l’effort de secours économique serait marginal car en grande partie coulé par les sous-marins en Atlantique. Ensuite, les troupes américaines seraient peu aguerries et arriveraient trop tard pour avoir un poids décisif. Après un premier affrontement de Château-Thierry, les allemands nuancent leur jugement. Certes les Sammies doivent se perfectionner mais les généraux allemands sont impressionnés face à « volonté ferme » de leurs adversaires.

Par ailleurs, apprendre la guerre moderne aux américains sans aucun entrainement, ni équipement lourd, est la première mission des français. Le général De Gaulle le rappellera à Eisenhower à la fin de la seconde guerre mondiale « En 1917, vous n’avez tiré qu’avec nos canons, roulé qu’avec nos chars et volé qu’avec nos avions». Enfin, les américains relèvent un énorme défi logistique pour soutenir l’effort sur le front. Si en 1917, un train de 350 m de long nécessitait huit hommes pour le conduire et 25 kg de charbon au km, il fallait pour l’équivalent transporté, 160 camions en convoi de 3 à 4 km, consommant 60 litres au km ! 74 trains quittent alors quotidiennement les ports approvisionnés par les américains pour le front, dont 40 de munitions…

Le professeur Soutou, membre de l’Institut a clôt le colloque en soulignant les perspectives de ce fait majeur de l’histoire du XXe siècle et des relations franco-américaines.
Si ce colloque fut évidemment une affaire d’équipe : il faut louer l’intuition et l’effet d’entrainement de notre président Bernard de Montferrand qui, il y a maintenant trois ans, a eu l’idée de cette rencontre.

Remercions aussi le sympathique et infatigable talent d’organisateur d’Olivier Chaline et sa capacité de travail qui a mis en musique avec son confrère Olivier Forcade l’organisation des journées et les mille et un détails entre deux continents. Hamelin de la Grandière a aussi su mobiliser mairies, collèges, musées … tous publics avertis de La Sorbonne. Enfin, Charles-Henri de Noirmont fut non seulement commentateur expert, mais aussi le chef d’orchestre de l’équipe de traducteurs. Qu’ils soient tous ici remerciés : le succès du colloque est le leur.