de 1946 à 1958

La France et les Etats-Unis sous la IV République

La Ve République, née le 1er janvier 1947, était caractérisée par un exécutif faible et instable, paralysé par le Parlement, et pourtant cette République sut entraîner peu à peu la France dans le camp américain.

En 1947, Truman met fin aux concessions accordées aux Soviétiques et inaugure la politique du "Containment", à savoir de la résistance et de la réaction aux prétentions de l'URSS C'était la fin de l'alliance de la guerre et le début de la guerre froide et du plan Marshall, toutes choses qui recueillaient la sympathie de la plupart des Français qui s'accommodaient mal de la place prise par le parti communiste au lendemain de la guerre.

En 1947, les ministres communistes sont évincés du gouvernement , Georges Bidault, ministre des affaires étrangères, abandonne progressivement la politique de balance entre l'Est et l'Ouest pour se rallier de plus en plus aux thèses américaines.

Robert Schuman, qui lui succède en juillet 1948, était encore plus attiré que lui par l'idée d'une alliance avec les Etats-Unis, et c'est ainsi que la France et les Etats-Unis sont, avec dix autres pays, les fondateurs du "Pacte de l'Atlantique", le 4 avril 1949. Bien que ce texte n'accorde pas aux Européens une garantie automatique, il constitue pour eux un gage de sécurité, et l'espoir de ne pas être exposés sans défense à une éventuelle attaque soviétique.

La France se lance dans une politique nouvelle d'unification de l'Europe en même temps qu'elle cède à ses traditions en s'efforçant de s'opposer à l'effritement de son empire colonial. Or, les Américains cherchent à intervenir plus ou moins directement dans ces deux domaines. Cela se voit, se sent, et bien sûr nous indigne. De plus, le Pacte Atlantique étoffe ses structures en décembre 1950 par la création de l'OTAN et du SHAPE, quartier général américain qui s'installent tous deux, l'un à Paris (Porte Dauphine), l'autre à Rocquencourt.

Un élément positif dans les relations franco-américaines a été la nomination par le Général de Gaulle de Jean Monnet à la tête du "Plan d'expansion économique". A partir de 1948, l'équipement industriel de la France se fait en liaison avec le plan Marshall, or l'équipe de Monnet entretient d'excellents rapports avec les Américains qui considèrent que ses efforts en faveur de l'intégration européenne endiguent le communisme et renforcent le Pacte Atlantique.

En 1950, le "plan Schuman", qui prévoit la création d'une autorité européenne supra nationale pour la production et la vente du charbon et de l'acier (CECA), va dans le même sens. C'est l'origine de "l'Europe des Six" que l'Angleterre boude.

Les Américains prennent conscience du fait que la défaite de juin 1940 n'a pas tué chez les Français le génie créateur que manifestent des hommes comme Robert Schuman et Jean Monnet.

Les Américains appuient un projet de "Communauté Européenne de Défense" (CED), inspiré à Pleven par Monnet et qui est adopté le 27 Mai 1952 dans un traité de Paris. Il s'agit de créer une armée européenne intégrée. Le gouvernement américain désire tellement que ce projet aboutisse qu'il fit pression sur le gouvernement français pour proposer le traité à la ratification du Parlement. Or l'opinion française était très divisée sur ce point ( Même le Maréchal JUIN à l'époque y était très opposé). En 1954, lorsque Mendès-France le proposa au Parlement, le traité fut rejeté.

En revanche, les Américains se réconcilient avec nous lorsque, en 1955, Monnet présente aux "Six" ses projets de "Marché Commun" et d"'Euratom".

La guerre de Corée (1950-1953) fut une occasion de plus pour les Américains et les Français de combattre côte à côte. Cela débuta par l'attaque dirigée le 25 juin 1950 de la Corée du Nord communiste contre la Corée du Sud.

La riposte de Truman fut aussi rapide qu'habile. Profitant du fait que les Soviétiques se trouvaient à ce moment même absents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et dans l'incapacité d'y exercer leur veto, il fit aussitôt condamner par cet organisme l'agression communiste et organiser par les Nations Unies une résistance internationale par les armes. Les troupes américaines stationnées au Japon débarquèrent en Corée sous les ordre du Général MacArthur, et entreprirent de contenir, puis de refouler les envahisseurs.

Un bataillon français, dit "bataillon de l'ONU", fut constitué, formé de volontaires, sous les ordres du Général Magrin-Verneret dit Monclar, et partit pour la Corée où il devait s'illustrer.

Quant à l'Indochine, bien que les Américains soient tout à fait favorables à la décolonisation, ils se rendent compte malgré tout que la France dans ce pays lointain lutte contre l'expansion du communisme en Extrême-Orient. Aussi contribuèrent-ils largement au financement du Corps Expéditionnaire Français, et se tinrent prêts à intervenir militairement, notamment en 1954 pour soulager Dien-Bien-Phu. Mais les conditions politiques ne le permettaient pas.

La chute de Dien-Bien-Phu (7 mai 1954) devait amener au pouvoir Mendès-France et la conclusion des accords de Genève (Juillet 1954). On octroie au Vietminh le Tonkin et le Nord-Annam jusqu'au 16' parallèle. Six ans plus tard, en 1961, les Etats-Unis devaient prendre le relais de la France au Viêt-Nam.

Cependant, à partir de la Conférence des pays sous-développés à Bandoeng en 1955, les Américains deviennent de plus en plus intransigeants en matière de décolonisation.

Les rapports franco-américains subirent une crise grave lorsque, à la suite de la nationalisation du Canal de Suez par Nasser en juillet 1956, la France, l'Angleterre et Israël attaquèrent l'Egypte ; leurs troupes ne s'arrêtèrent aux portes du Caire que sous la menace de l'URSS, et dans une moindre mesure des Etats-Unis (octobre 1956).

En Algérie, où la France est engagée dans une nouvelle guerre subversive depuis le 1er novembre 1954, les Américains tentent d'offrir leurs "bons offices" après le bombardement par l'aviation française de Sakiet-Sidi-Youssef, localité frontalière tunisienne d'où partaient des raids et des tirs contre l'aviation et les troupes françaises (mars 1958).

Cette nouvelle intervention américaine, jointe au massacre de prisonniers français par le FLN, suscite une rébellion des Français d'Algérie contre Paris. Ce fut le 13 mai 1958.

 

Suite : de 1958 à 1969 et Conclusion