CHARLES III, Roi d'Espagne
1716-1788
Premier fils de Philippe V d’Espagne et de sa seconde épouse Elisabeth Farnèse, il n’est pas destiné à régner à Madrid, le trône d’Espagne devant revenir à son demi-frère Ferdinand né du mariage de son père avec Louise de Savoie. Il devint donc duc de Parme et de Toscane puis roi des Deux-Siciles lorsque ce royaume italien fut arraché au Habsbourg en 1734. C’est à Naples qu’il fit son apprentissage du métier de roi. Ferdinand mort sans enfant, Don Carlos abdiqua sa royauté italienne et monta sur le trône d’Espagne à 43 ans, avec déjà une solide expérience réformatrice. S’appuyant sur des légistes et des ministres d’abord italiens puis espagnols, il multiplie les réformes et réduit les libertés traditionnelles en tâchant de concentrer l’autorité. Très pieux, il n’en expulse pas moins les jésuites en 1767. A l’extérieur, il renforce les liens existant avec la France depuis le traité de Fontainebleau de 1743 : c’est le deuxième « Pacte de Famille » du 15 août 1761. Les deux souverains Bourbons prévoient de s’allier contre la Grande-Bretagne. La lutte fut malheureuse car la Navy s’empara en 1762 de La Havane et de Manille. Les préliminaires et traités de 1762 et 1763 obligèrent l’Espagne à consentir à la cession de Minorque par la France à la Grande-Bretagne. Charles III retrouvait Cuba et les Philippines, mais il devait abandonner la Floride aux Anglais, tout en étant dédommagé par la France qui lui abandonnait la rive droite du Mississipi. Tout restait à faire pour récupérer Gibraltar et Minorque. La guerre franco-anglaise à partir de 1778 en offrait l’occasion, mais on ne témoignait à Madrid d’aucune sympathie pour les rebelles des Treize colonies. Après de longues négociations, Vergennes put enfin compter sur l’alliance espagnole en 1779 grâce au traité d’Aranjuez (19 avril). Les opérations communes furent décevantes et Gibraltar longuement assiégé sans succès. A la paix de 1783, l’Espagne put toutefois récupérer Minorque et les territoires de Floride.