Conférence Knox à France Amérique

Le 19 septembre 2011, à l’initiative de France Amériques et de votre Société, une sympathique manifestation permettait d’évoquer la carrière du général Henri Knox, avant que Mme Ellen Dyer, Directrice du musée éponyme dans le Maine, présente le résultat des importants travaux réalisés à l’initiative des DAR.

Knox (1750-1806) s’intéressa très tôt à la « chose » militaire, d’abord par une approche livresque, puis en rejoignant à 18 ans une unité locale d’artillerie. En 1772, il participe à la création du Boston Grenadier Corps. Entre- temps, témoin du massacre de Boston le 5 mars 1770, il tente de désamorcer la situation. Le 16 juin 1774, il épouse la fille d’un Loyaliste. Ils quittent Boston pour rejoindre les milices qui à partir du 19 avril 1775 encerclent la ville. Ce siège put aboutir grâce à Knox qui proposa à Washington d’utiliser l’artillerie capturée en mai au fort de Ticonderoga, en lui faisant parcourir en plein hiver plus de 500 km dans des régions au relief difficile. Il se distingue à Trenton, à Brandwyne et à Germantown. Après sa retraite de l’hiver 1777-78, l’armée Continentale campe à Valley Forge avant de reprendre l’offensive. Knox utilise de façon judicieuse son artillerie à Mon- mouth. En 1779, il fonde une académie militaire à Pluckemin dans le New Jersey, qui préfigure la future Académie militaire de West Point. À Yorktown, il commande l’artillerie de l’armée continentale. Bien que les Anglais tiennent encore Charleston, New York et Savannah, Yorktown marque la fin de la guerre terrestre. Knox, promu major général le 22 mars 1782, commande la place de West Point dont la position stratégique interdit aux Anglais toute jonction entre leurs forces du Nord et du Sud. Parallèlement, il reste attentif au sort des officiers et soldats de l’armée Continentale, d’autant qu’il est exclu de les maintenir sous les armes une fois la paix signée.

En mars 1783, survient la « conspiration de Newburgh » provoquée par le mécontente- ment des officiers qui n'avaient pas reçu leur solde depuis des mois. Ce mouvement débute en janvier par l’envoi d’une liste de revendications, qui reste sans réponse. En mars, une lettre anonyme circule mais Washington réussit à ramener le calme. C’est là qu’intervient de façon décisive Knox : il ressort son projet d’une société qui engloberait tous les officiers. En effet des propos rapportés à Jefferson par John Adams, il apparaît que dès 1776, le 10 ou le 11 septembre, Knox évoquait lors d’une conversation à laquelle assistaient Washington et Lee, l’histoire de la Rome antique et de sa régénérescence. Il avait ajouté qu’il souhaitait pouvoir arborer à son chapeau ou à un bouton d’uniforme, un ruban qui serait transmis à ses descendants comme la preuve qu’il avait combattu pour la défense de leurs libertés. Un mois après, le 15 avril, Knox présentait un document de huit pages intitulé « Institution », qui la définissait comme une Société d’amis, perpétuant les liens formés au milieu des dangers partagés et le 10 mai, les officiers décidaient de se constituer en une société.

Élu secrétaire de la Guerre en 1785 et maintenu à ce poste par Washington qui devient le 6 avril 1789 le premier président des États- Unis, Knox déploiera une grande activité tant en vue de former une armée régulière ou de faire adopter une loi nationale sur la milice, que de créer une marine de guerre avec le concours de Jefferson. Il sera ainsi à l’origine de la construction de six frégates qui se distingueront en 1812. Cependant, confronté à l’agitation croissante de tribus indiennes soutenues par les Britanniques, Knox ne réussir pas à stabiliser la situation. Le 28 décembre 1794, il envoyait sa démission à Washington. Dans la biographie qu’il a consacrée en 2008 au général Knox, Mark Puls écrit « If George Washinton was the indispensable man of the Revolution, Henry Knox was his indispensable man ». À ses qualités de soldat, s’ajoutèrent en effet celles dont il sut en tant que secrétaire à la Guerre, une fois la paix acquise, faire preuve et en particulier sa perception d’une armée répondant aux besoins d’une république fondée sur la démocratie. Dans son esprit, les soldats devaient être formés à se battre plus pour la préservation d’idéaux politiques que de simples frontières géographiques et finalement préférer la liberté à l’ambition personnelle et privilégier l’honneur à la recherche du profit ou de gains immédiats.

Mme Ellen Dyer rappelait ensuite qu’à l’issue de sa carrière militaire et politique, Knox commençait celle d’un gentleman farmer. En 1795, il s’installe avec sa nombreuse famille dans un manoir qu’il avait fait construire à Montpelier, près de la ville de Thomaston (Maine). Cette magnifique demeure de 19 pièces aurait tout à fait trouvé sa place à Philadelphie ! En effet aucune résidence privée aussi raffinée n’avait été construite dans cette partie de la jeune république. Elle se caractérisait par de nombreuses innovations architecturales et un mobilier coûteux, dont une bibliothèque réputée avoir appartenu à la Reine Marie-Antoinette. Knox mourut dans cette demeure en 1806 et y fut enterré. Mais le domaine périclita, ses enfants n’ayant pas les moyens de l’entretenir. En 1855, il fut divisé et vendu avant que la maison inoccupée soit rasée en 1871 pour laisser la place au chemin de fer. Mais Montpelier devait revivre grâce au Chapitre local des Daugthers of the American Revolution. En 1929 la Knox Memorial Association inaugurait un nouveau manoir, entièrement reconstruit non loin de son emplacement d’origine. Aujourd’hui le musée propose un grand nombre de programmes éducatifs, en particulier une formation de deux semaines destinée chaque été aux professeurs d’histoire et placée sous la houlette de David McCullough, lauréat du prix Pulitzer. Tout récemment, en juin, était inaugurée la bibliothèque de recherche Elisa Adams qui dispose d’une banque de données « on line ». La conférencière illustrait ses propos par la projection de nombreuses photos et au terme de son brillant exposé, invitait l’auditoire à venir jusqu’à Thomaston pour y visiter le musée.