Origine de "the Society of the Cincinnati"
Anderson House, Siège de "The Society of the Cincinnati" |
Quelques mois avant la signature, le 3 septembre 1783, du traité de Versailles consacrant l'indépendance des Etats-Unis, le général Knox et un prussien, le baron von Steuben, qui avait pris une part importante à la formation de l'armée américaine, eurent l'idée de fonder une association d'anciens officiers.
Le général Washington se préoccupa rapidement de maintenir les liens avec les camarades de combat français et la France sans laquelle la victoire sur les Anglais n'aurait pas été pensable, du moins à l'époque. L'objet en était d'entretenir les liens d'amitié établis entre camarades de combat sur le point d'être démobilisés et ensuite dispersés sur le territoire américain, déjà vaste; maintenir le culte du souvenir, défendre les intérêts de ses officiers face à un congrès peu généreux à leur égard et, enfin, de se montrer des patriotes exemplaires, notamment en encourageant l'unification des treize états d'origine dont certains ne tenaient pas à perdre leur indépendance au profit d'un état fédéral gourmand.
"The Society of the Cincinnati" vit le jour le 13 mai 1783, et se donna pour premier président le général George Washington le 19 juin de la même année; il le demeura jusqu'à sa mort en 1799.
Georges Washington Peinture par Charles Peale, 1772 |
Pourquoi ce nom? Il fut choisi en pensant au beau symbole du héros romain, Cincinnatus, qui, après avoir servi son pays, fondit son épée pour la transformer en soc de charrue et continuer à le servir par son travail.
L'organisation des Cincinnati comporta, dès sa création, treize sociétés, une par état d'origine, à savoir : New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, New-York, New-Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie, Caroline du Nord, Caroline du Sud et Georgie.
C'est à l'initiative de Georges Washington que fût créée la branche française; le nombre des branches coiffées par "The Society of the Cincinnati" s'éleva à quatorze.
Raison d'être de "the Society of the Cincinnati"
La raison d'être de cette nouvelle institution était définie en ces termes :
"Il a plu au Souverain Maître de "l'Univers, pour le règlement des "affaires humaines, de "soustraire les colonies d'Amérique du Nord à la "domination de la Grande Bretagne et, après un sanglant "conflit qui dura huit "ans, de les constituer en états "libres, indépendants et souverains, unis par "des "alliances fondées sur les avantages réciproques avec "quelques uns des "plus grands princes et puissances de "la Terre.
"En conséquence, pour perpétuer aussi bien le "souvenir de ce grand "événement(1) que celui de "l'amitié formée au milieu des dangers courus en "commun, et, en bien des cas, cimentée par le sang versé "sur les mêmes champs de bataille, les officiers de "l'armée américaine, par le présent acte et de la façon la "plus solennelle, s'associent et se constituent en une "société d'amis qui vivra aussi longtemps qu'eux-mêmes, "ou que l'aîné de leur postérité mâle ou, à défaut de "celle-ci, des branches collatérales, qui sera jugé digne "d'en devenir le représentant et le membre".
"Les principes suivants seront immuables et "formeront la base de la "Société des Cincinnati :
- "Un soin incessant de conserver intacts les droits "éminents et les libertés de la personne humaine pour "lesquels ils ont combattu et donné leur vie et sans "lesquels la haute dignité de l'être doué de raison serait "une malédiction au lieu d'être une bénédiction.
- "Une volonté inébranlable de maintenir entre "les différents états l'union et l'honneur national, si "nécessaire à leur bonheur et à la future dignité de "l'Empire Américain.
- "Rendre permanents les liens de camaraderie "cordiale entre les officiers. Cet esprit inspirera en "toutes circonstances des sentiments fraternels et "s'étendra particulièrement et pratiquement aux actes de "bienfaisance que les ressources de la Société "permettront d'accomplir en faveur des officiers qui se "trouveraient malheureusement dans la nécessité d'y recourir".
Note (1) : l'indépendance des Etats-Unis
Les Cincinnati furent-ils nombreux dès l'origine ?
Bien que la plupart des sociétés d'états aient négligé de tenir des archives au début de leur existence, on s'accorde aujourd'hui à penser qu'en 1790, ils étaient 2.400 alors que 5.300 anciens officiers ayant pris part à la guerre d'indépendance auraient été admis s'ils avaient fait acte de candidature.
Quel était le rôle de la Société Générale ?
Manifestement, le général Knox voulait qu'elle fût une clé de voûte, un facteur de coordination et de sauvegarde des principes énoncées plus haut, de même qu'un ciment entre états.
Dans un premier projet, Knox avait prévu que la Société ne se réunirait en Assemblée Générale que tous les trois ans, cette dernière comportant le Président Général et les représentants de toutes les sociétés d'états. Cependant, cette disposition fut annulée rapidement et l'Assemblée Générale devint annuelle.
Les Cincinnati au XIXe siècle
Ils demeurèrent influents jusqu'au début des années 1790. Par exemple, lorsqu'ils fut question de réformer la Constitution américaine dans le sens du renforcement du pouvoir exécutif au détriment de celui du Congrès, vingt-et-un sur les cinquante membres de la Convention, chargée de cette réforme étaient des Cincinnati; de plus George Washington leur fit une grande place dans le gouvernement formé après l'adoption de cet amendement.
Mais, peu après, les Cincinnati perdirent insensiblement leur dynamisme; seules sept sur les treize sociétés d'état se firent représenter à l'assemblée annuelle en 1790. Elles ne furent que cinq en 1796 et deux seulement en 1799 alors que Washington se mourait.
A partir de ce moment, la Société tomba en léthargie. Il en fut de même pour la plupart des sociétés d'état. Sept d'entre elles se réveillèrent de temps à autre, mais au moins une d'entre elles se saborda tout à fait en 1802: celle du Delaware. La Société disparut pendant un demi-siècle si on excepte trois tentatives dont celle de 1838 à laquelle ne participèrent que le Président Général, le Secrétaire Général et le délégué de Pennsylvanie. On n'en continuait pas moins à désigner, certes d'une manière bien artificielle, des Présidents Généraux, toujours choisis parmi les vieillards, anciens combattants de l'Indépendance. Le dernier d'entre eux mourut en 1848.
L'institution renaquit de ses cendres en 1854 sous la présidence énergique d'Hamilton Fish qui fit adopter un assouplissement considérable des conditions d'admission ainsi que la faculté, pour chacune des sociétés d'état, d'introduire certaines variantes dans leurs statuts, en fonction des conditions locales, tout en conservant l'essentiel. Ces mesures réalistes, de même que la personnalité attachante de Fish eurent des conséquences heureuses: en quelques années, l'organisation comptait de nouveau huit cent membres.
Tout naturellement, la guerre de Sécession (1861-1865), interrompit le fonctionnement de l'association, car il y avait des Cincinnati dans les deux camps, mais la réconciliation fut rapide entre collègues peu après la fin des hostilités.
Les Cincinnati au XXe siècle
Les Cincinnati attendirent le début du XXe siècle pour se réconcilier avec l'Angleterre. En 1947, ils allèrent même jusqu'à accueillir dans leur sein Winston Churchill, en sa qualité de descendant par sa mère d'un officier américain qui avait combattu contre les Britanniques(2).
En 1950, la décision fut prise de limiter à trois ans la durée des mandats du Président Général et de l' équipe dirigeante.
Les Cincinnati s'organisèrent peu à peu. Le premier annuaire général parut en 1929. Dès lors, on connut de manière exacte les effectifs de chacune des quatorze sociétés; avant cela, il n'y avait rien de sûr.
Voici quelques chiffres pour l'ensemble de la Société :
1890 | 1926 | 1947 | 1980 | 1995 |
---|---|---|---|---|
411 | 1.080 | 1.435 | 3.054 | 3.458 |
Note (2) Il s'agit du lieutenant Reuben Murray, originaire du Connecticut, arrière grand-père de Winston Churchill.
Site de la Société générale
www.societyofthecincinnati.org