Portrait: le général de Custine (1740-1793)
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- Écrit par Michel de DREUX-BRÉZÉ
Il a sa rue à Paris ainsi qu’à Metz et son nom sous l’Arc de Triomphe.
En tant que colonel du régiment de Saintonge il figure dans une gravure représentant la reddition de Cornwallis à Yorktown.
Adam, Philippe, comte de Custine naquit à Metz le 4 février 1740.
Originaires du pays de Liège, les Custine vinrent s’établir en Lorraine à la fin du XVIIè siècle.
Adam, Philippe entra très jeune dans la carrière militaire puisqu’à sept ans il figurait comme sous-lieutenant dans la suite du maréchal de Saxe et assista à la prise de Maastricht en 1748.
Après avoir fait, avec distinction, toutes les campagnes de la Guerre de Sept ans, il devint, grâce au ministre Choiseul, son compatriote et parent, mestre de camp d’un régiment de dragons qui s’appela désormais Custine.
D’un long séjour qu’il fit à Berlin, à la cour du grand Frédéric, il revint très entiché du système militaire prussien.
Nommé brigadier le 1er mai 1770, il demanda à participer à la guerre d’indépendance américaine. Il dut quitter son régiment pour prendre le commandement de celui de Saintonge Infanterie avec lequel il se distingua à la prise de Yorktown. En sa qualité de colonel il fut admis dans la Société des Cincinnati en 1783.
Rentré en France, il est promu maréchal de camp et nommé gouverneur de Toulon… L’année suivante, il est élu député du baillage des trois évêchés de Lorraine aux Etats Généraux. Comme les La Fayette, les Noailles, les Lambesc, les Clermont-Tonnerre et bien d’autres, Custine fit partie de cette fraction de la Noblesse qui avait accueilli avec faveur les idées nouvelles, autant par conviction que par ambition personnelle. Aussi participa-t-il activement aux travaux de l’Assemblée.
À l’expiration de son mandat législatif, il demanda à reprendre du service.
Nommé le 6 octobre 1791 lieutenant général, il fut envoyé en Alsace sous les ordres de Luckner et de Biron. Là, il s’attacha à rétablir la discipline parmi les troupes. Beau parleur, maniant avec aisance le jargon du jour, il flattait et cajolait volontiers le soldat, qui le surnommait « le général moustache », mais n’hésitait pas à fusiller mutins et pillards.
En septembre 1792, soit cinq mois après la déclaration de guerre à l’Autriche, il est nommé à la tête de l’armée du Rhin. Il marche alors sur Spire et, grâce à une action rapide et vigoureuse, il prend la ville. Custine prit ensuite Worms et surtout Mayence. Il entra ensuite en Allemagne et s’empara de Francfort. Cette série de succès éblouit l’opinion et fit de Custine le général en vogue.
Malheureusement pour lui, ces premiers succès furent éphémères. Au printemps 1793, Francfort fut repris et Mayence investi. Custine offrit alors sa démission. Non seulement la Convention la refusa mais elle lui offrit le commandement en chef des armées du nord et du Rhin à la place de Dampierre qui venait d’être tué. Il eut le tort d’accepter. La situation était en effet catastrophique. Condé et Valenciennes étaient assiégés. De plus, le 31 mai avait vu la chute des Girondins. Appelé à Paris par le Comité de Salut Public, il fut aussitôt arrêté, enfermé au Luxembourg et traduit devant le tribunal révolutionnaire. Le héros de la veille était devenu le scélérat Custine. Condamné à mort pour trahison, il monta sur l’échafaud le 28 août 1793.
Custine s’intéressa également aux affaires industrielles. En 1750 il avait acheté la manufacture de céramique de Niderviller, près de Sarrebourg, qui existe toujours, et dont il s’occupa activement.
De son mariage Custine eut deux enfants. Son fils, Armand, le suivit sur l’échafaud cinq mois plus tard. Ce dernier eut, de son mariage avec Delphine de Sabran, un fils, Astolphe, dernier du nom. Le général eut également une fille, Adélaïde, qui épousa, en 1790, Henri, Evrard, marquis de Dreux- Brézé, grand maître des cérémonies de France.