de 1958 à 1969 et Conclusion
La France et les Etats-Unis sous la Ve République
Le Général de Gaulle revient au pouvoir en 1958, d'abord en tant que dernier Président du Conseil de la IVe République, puis comme premier Président de la Ve. C'est à tort que certains ont assimilé le nouveau régime français au régime présidentiel américain : la France reste centralisée, le gouvernement reste responsable devant l'Assemblée Nationale.
A priori, le retour du Général de Gaulle aux affaires n'est guère du goût des Américains. Pourtant tout commence bien. Ceux-ci sont enchantés de l'indépendance accordée à l'Algérie (1962) et aux autres territoires d'Afrique (1960). Les réformes économiques françaises de 1958, la nécessité de l'Alliance atlantique proclamée par de Gaulle , l'antipathie qu'il éprouve et déclare en ce qui concerne le communisme, ses vues philosophiques à l'échelle du Monde, tout cela rend de Gaulle extrêmement populaire aux Etats-Unis.
Pourtant, les choses se gâtent assez vite. Les Américains tiennent à conserver le monopole de l'atome, or la France est résolue à s'en doter et réussit à le faire seule. En Septembre 1958, de Gaulle propose au Président Eisenhower de substituer au leadership américain à l'OTAN un directoire à trois : USA, Grande-Bretagne et France (Ayant compétence pour le Monde Entier). Ce projet fut refusé.
Elu en 1961, Kennedy admire de Gaulle, mais, dès 1962, la tempête éclate alors que Kennedy dévoile son "grand dessein". Il offre "un partnership Atlantique mutuellement profitable entre le nouvelle Union qui émerge en Europe et la vieille Union américaine fondée il y a 175 ans..." C'était la doctrine dite des "deux piliers".
En réalité, le fonctionnement était prévu de telle sorte que l'Amérique conservait l'exclusivité de l'atome. De Gaulle refuse, car, pour lui, Washington proclamait la nécessité d'une hégémonie américaine. Kennedy riposta en s'annexant l'Angleterre de Macmillan à la conférence qu'il eut avec lui à Nassau (Aux Iles Bahamas) du 18 au 21 décembre 1962 : la Grande-Bretagne devenait un "satellite des Etats-Unis".
De Gaulle montre sa rancœur. Il s'abstient en particulier de participer aux cérémonies qui marquèrent le 20e Anniversaire du débarquement en Normandie (1964). Il reprend l'offensive contre le défi américain : il exige le départ de France des organisations militaires dirigées par les Américains : OTAN (1966), tout en affirmant sa fidélité au Pacte Atlantique.
Son voyage en URSS, en juin 1966, inquiète Washington. Son discours de Pnom Penh du 1er septembre 1966, très sévère à l'égard de l'ingérence américaine au Viêt-Nam, déclenche la fureur outre-Atlantique. Son voyage au Canada et le "Vive le Québec libre !" suscitent l'étonnement de Washington.
De plus, de Gaulle souligne durement l'attitude des Américains qui exportent leur inflation dans le Monde où ils exercent leur influence monétaire, ce qui accélère l'érosion inquiétante de leurs ressources d'or. Ils exigent donc le remboursement en métal précieux d'une grande partie de nos réserves en devises papier.
Bien que de Gaulle refusât l'hégémonie américaine, il n'était pas pour autant antiaméricain, surtout lorsque l'intérêt général était en jeu. Ainsi, lors de l'ultimatum américain au sujet des missiles entreposés à Cuba, la France fut la première à dire au Président Kennedy que, si l'incident s'envenimait, la France et ses forces seraient aux côtés des Etats-Unis.
Les événements de Mai 1968 inquiétèrent Washington qui se demanda ce qui se passerait si, à la faveur de cette rébellion, la France basculait dans le camp communiste. Washington fut soulagé lorsque le calme fut revenu, et c'est très sincèrement que le Président Johnson adressa à de Gaulle ses félicitations.
A partir de là, et jusqu'à ce qu'il quitte le pouvoir le 4 avril 1969, jamais plus le Général de Gaulle n'attaqua les Etats-Unis. L'un de ses derniers actes politiques fut même de maintenir la France dans l'Alliance atlantique.
Conclusion
Les colonies anglaises d'Amérique, soutenues par leur Métropole, sont les vraies responsables de la mort de la Nouvelle-France, qui était pour elles un obstacle à leur expansion vers l'Ouest, un obstacle à leur commerce, un obstacle à leurs pêcheries, un obstacle pour établir sur le continent américain une fédération d'Etats épris de liberté, mais imbus de toutes les idéologies de la religion protestante.
Mais par un paradoxe qui se répète souvent en histoire, c'est à la France que ces colonies devaient s'adresser pour les aider à conquérir leur indépendance. La France répondit à leur appel, avec enthousiasme pour des La Fayette, avec sagesse et pondération pour des Louis XVI et des Vergennes.
La participation déterminante de la France à la guerre d'Indépendance s'est révélée à long terme une opération bénéfique. Nous avons aujourd'hui, de l'autre côté de l'Atlantique, des amis qui se souviennent et qui l'ont prouvé en 1917-1918, et en 1942-1945.
L'amitié franco-américaine représente sur le plan géopolitique un facteur d'équilibre et de paix dans le Monde, et c'est à la Société des Cincinnati que revient l'honneur d'en être le ciment.
La commission d'histoire de la Société des Cincinnati de France