Un monde unidimensionnel, par Dario Battistella
Tout empire périra assurait Jean-Baptiste Duroselle et cette lecture trouva écho auprès des déclinistes américains au cours des années 1990 dans une période traversée par des vulnérabilités accrues en matière économique comme le manque de compétitivité, la concurrence du Japon et le spectre d’une analogie avec la puissance britannique. Mais de nombreux analystes s’opposèrent à une telle perspective décadente. Parmi eux, Joseph Nye souligna la robustesse américaine, notamment par l’usage de moyens culturels en vue de diffuser ses valeurs : le fameux soft- power. Quand bien même la phase anti-américaine suite à l’over-reaction en Irak conduisit à essouffler cette vague favorable, il maintient cette interprétation dans un ouvrage récent relatif aux recompositions de la puissance. Adoptant un cheminement différent, Dario Battistella rejoint cette thèse qui contribue à pourfendre l’idée d’un déclin des États-Unis. Loin des discours soulignant la multiplication des menaces pesant sur la sécurité des démocraties occidentales, il montre que l'ordre mondial est à la fois stratégiquement pacifique parce que composé d'un système interétatique unipolaire sur le plan de la puissance et idéologiquement pacifié parce que constitué d'une société internationale unitive sur le plan de la légitimité, et défend l’idée selon laquelle le monde contemporain se caractérise par « une prééminence matérielle des États-Unis et d’une hégémonie normative du libéralisme international sur la gouvernance mondiale ».
Paris, Presses de Sciences Po, 2011
176 pages
ISBN 978-2-7246-1189-2