Les armées du Roi, par Olivier Chaline

Les armees du Roi

Comment la France est-elle devenue une grande puissance militaire, la première sur terre et sur mer sous Louis XIV ? Quel a été le prix de cet effort colossal, quelles en ont été les modalités humaines, technologiques et économiques, et aussi les limites ?

À toutes ces questions, l’auteur, professeur d’Histoire moderne à l’Université Paris Sorbonne et président de notre Commission d’histoire, y répond dans un livre très dense qu’il organise en trois grandes parties : Sous l’autorité du roi ? Au service du roi. Aux frais du roi ? Il relève d’emblée la dissymétrie entre la marine, véritablement royale, et l’armée, qui demeure un partenariat entre le monarque et ses nobles.

Cette différence s’ajoute à celles dues au milieu naturel dans lequel opèrent deux formes d’organisation très dissemblables que sont le régiment et le navire, celui-ci à la fois vecteur, lieu de travail et de vie ainsi qu’unité combattante.

C’est le fil conducteur de toute une démarche qui préside à l’étude particulièrement fouillée et réussie de l’effort financier du royaume de France, alors le plus peuplé d’Europe sans que le nombre des « contribuables » ne préjuge de la capacité du souverain à mobiliser la richesse de son royaume. Olivier Chaline note à ce sujet que « la manière française de financer les conflits armés n’a pas permis de l’emporter sur son adversaire britannique au cours du second XVIIIe siècle ».

Quoi qu’il en soit, dans chacune des trois parties de cette étude originale et très novatrice, l’auteur précise pour chacune des deux entités, Armée et Marine, leur fonctionnement propre, leur histoire et leur économie distincte, qui permettent de repérer avec finesse ce qui les différencie comme ce qui les rapproche. Sa mise en perspective des différents facteurs tant administratifs et financiers qu’économiques et technologiques est à cet égard particulièrement utile, en particulier lorsqu’il rappelle que « le navire représente la somme la plus impressionnante de tous les savoirs techniques du temps».

Un ouvrage de 340 pages qu’accompagne un appareil de notes très riche que complètent une bibliographie des ouvrages les plus importants classée par thème et un index des noms de personnes et de lieux.