Le général Auguste de Caffarelli et le téléfilm "Toussaint Louverture"

article-auguste-de-caffarelliTéléfilm "Toussaint Louverture" :

La mémoire du général Auguste de Caffarelli (1766-1849) est salie par la mise en scène d'actes qui ne correspondent en rien à  la mission qu'il a effectuée en tant qu'aide-de-camp du Premier Consul au fort de Joux, ni à la relation qui en a été faite par les historiens qui ont travaillé sur cette question.

Ci-joint les rectifications apportées par notre collègue Jean-François de Caffarelli.


Les 14 et 15 février 2012 France 2 a diffusé le téléfilm « Toussaint Louverture », dans lequel l’arrière grand-père de mon grand-père, le général Auguste de Caffarelli (1766-1849) est présenté comme ayant eu à l’égard du héros du film une conduite indigne et, chose plus grave, comme ayant commis un assassinat sur un des proches de Toussaint Louverture.

La mémoire de mon ancêtre s’y trouve salie par la mise en scène d’actes qui ne correspondent en rien à la documentation existant sur la mission qu’il a effectuée en tant qu’aide-de-camp du Premier Consul au fort de Joux, ni à la relation qui en a été faite par les historiens qui ont travaillé sur cette question.

En outre, le personnage caricatural à qui son nom est attribué dans le téléfilm ne correspond pas à ce qu’il a été dans l’ensemble de sa vie et de sa carrière publique, militaire et politique.

Il est exact qu’Auguste de Caffarelli, aide de camp de Napoléon Bonaparte, a été envoyé au Fort de Joux suite à des lettres adressées au Premier Consul par Toussaint Louverture, signifiant qu’il avait des révélations à faire. Il séjourna au Fort de Joux entre le 16 et le 24 septembre 1802, pour y avoir plusieurs entretiens avec Toussaint Louverture, qu’il a consignés dans un rapport remis à Napoléon Bonaparte.

Le film projeté sur France 2 les 14 et 15 février prochain met en scène le général Caffarelli dans trois situations qui travestissent la réalité des faits dans la mesure ou elles sont, soit extrêmement déformées, soit purement inventées :

Caffarelli escortant Toussaint et sa famille prisonnière

Dans le film : en plein hiver, au coeur du massif du Jura, le général Caffarelli commande un groupe de soldats qui, dans la neige, accompagne Toussaint et sa famille enchaînés et frappés à coups de fusils….

Dans la réalité : le général de Caffarelli n’a jamais commandé, ni accompagné le convoi de prisonniers jusqu’au Fort de Joux. Il est venu à Joux en septembre et n’a rencontré Toussaint que dans sa cellule pendant une semaine.

Les entretiens avec Toussaint Louverture

Dans le film, on montre un général obsédé par le prétendu trésor que Toussaint aurait caché à Saint-Domingue et sur lequel Bonaparte veut faire main basse.

Dans la réalité des faits : les entretiens avec Toussaint Louverture ont porté autant sur le prétendu trésor, que sur la guerre à Saint-Domingue ou encore les relations et les négociations de Toussaint avec les Anglais et les Américains.

L’exécution de Mars Plaisir

Dans le film : le général, après ses entretiens avec Toussaint Louverture, quitte le fort de Joux seul avec Mars Plaisir, le domestique de Toussaint, dans sa voiture. Le fourgon s’arrête en pleine campagne : le général dit à Mars qu’il est libre. Tout d’un coup un coup de feu retentit, le corps de Mars Plaisir, tombe du fourgon, inerte dans la neige. On ne peut que comprendre que Mars Plaisir a été assassiné par le général.

Dans la réalité des faits : Mars Plaisir a quitté le Fort de Joux le 7 septembre 1802 sur ordre du Ministère de la Guerre. Caffarelli n’est arrivé au Fort de Joux que le 16 septembre, soit 9 jours plus tard. Il n’a jamais ni croisé, ni vu Mars Plaisir. Des documents semblent en outre attester que Mars Plaisir était encore vivant après 1815.

Il ne m’appartient pas de juger des intentions et des objectifs poursuivis par les auteurs du téléfilm au travers de cette réécriture de l’Histoire.

En tant qu’aîné des descendants d’Auguste de Caffarelli, et représentant des intérêts moraux de ma famille, je ne peux que constater que les téléspectateurs vont découvrir sur une chaîne du service public une vérité historique travestie et des scènes dans lesquelles, au mépris de la vérité historique, on attribue à un membre de notre famille des actes inhumains et déshonorants, totalement imaginaires.

En conséquence, j’ai demandé au producteur du film et à France 2 qu’il soit rendu public par toute voie appropriée que le scénario du téléfilm n’est pas conforme à la réalité historique de la mission qu’Auguste de Caffarelli a remplie pour le Premier Consul auprès de Toussaint Louverture lors de sa détention au fort de Joux, et que les scènes présentées relèvent de la fiction.

Jean-François de Caffarelli - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.